Lettre ouverte à Monsieur P. KURZ
Voici la lettre que le Comité René Guénon a adressé ce jour à Monsieur Patrice KURZ, en réponse à son courrier adressé à Maître LEGRAND diffusé orbi et orbi.
GRANDE LOGE NATIONALE FRANçAISE
Comité René GUENON
Strasbourg, le 5 octobre 2011
Lettre ouverte à Monsieur Patrice Kurz
Vice-Président chargé du Bureau des Administrations Judiciaires et Séquestres
TRIBUNAL DE GRANDE INSTANCE DE PARIS
Monsieur le Vice-Président,
Nous avons apprécié la lettre que vous avez adressée le 30 septembre 2011, ainsi que la liberté de diffusion que vous avez bien voulu laisser à Maître Legrand, ce qui nous a permis d’en avoir une connaissance directe.
Nous nous permettons donc de vous livrer notre sentiment en utilisant les mêmes circuits de diffusion et en espérant que vous serez d’accord, au cas où vous désireriez nous répondre, de procéder à l’identique, car les questions que nous posons, de nombreux membres de la GLNF se les posent de la même manière.
Comme vous l’indiquez : l’Association « Grande Loge Nationale Française » est dépourvue de tous ses organes dirigeants à la suite des démissions successives de tous ceux-ci, et ce dans la logique de la décision qu’avait rendue le tribunal trois mois auparavant. Ni cette dernière, ni mon ordonnance ne laissent d’ambiguïté sur le fait que la justice n’a pas à intervenir dans les discussions spirituelles de la loge.
Cette mise au point tombe fort à propos, puisque justement, nous Maîtres Maçons de la GLNF, ne nous intéressons à ce titre qu’aux aspects maçonniques de notre démarche que vous appelez : « discussions spirituelles » - et nous ne vous en ferons pas le reproche compte tenu des difficultés d’appréhension de ces particularités pour quelqu’un qui se trouve à l’extérieur.
En fait, et pour essayer de vous faire comprendre ce que nous entendons par « aspects maçonniques », nous avons de par notre qualité de membre de la GLNF, une double casquette :
· une première casquette, qui fait de nous des Maîtres Maçons réguliers, initiés auprès d’une organisation initiatique traditionnelle régulière qui a pour nom Grande Loge nationale Française. C’est à ce titre que nous nous intéressons aux « aspects maçonniques » ;
· une deuxième casquette, qui n’est pour nous que la conséquence « matérielle » de l’affiliation précédente, et pour laquelle nous nous plaçons sous les règles du droit associatif en tant que sociétaires de l’Association GLNF.
Si notre statut de sociétaire nous place sous les règles d’un droit associatif qui est le même pour tous les sociétaires d’une association de droit français, c’est-à-dire sous l’autorité d’un droit positif incontestable et d’ailleurs incontesté par tous les sociétaires membres de nos Loges, notre grade de Maître Maçon régulier nous place sous l’égide d’un droit naturel que nous appelons Loi Maçonnique, qui régit les rapports des initiés de la GLNF entre eux.
Nous sommes certains que cette petite mise au point vous démontrera que nous sommes par là-même en parfait accord avec les termes de votre courrier repris ci-dessus.
Nous ne nous intéresserons donc pas outre mesure, en notre qualité de Maîtres Maçons, aux aspects que vous développez sur les incontestables difficultés rencontrées par Maître Legrand dans ses tentatives de conciliation des parties, sauf que ces difficultés auraient pu être très largement aplanies, si d’une manière ou d’une autre, Maître Legrand était parvenue à répondre à une légitime volonté, aujourd’hui très largement majoritaire à la GLNF, exigeant de Monsieur François STIFANI, qu’il s’efface devant le jugement prononcé par le tribunal.
A cet effet, c’est à juste titre que vous indiquez : « La conduite de votre mission était - est encore - étroitement conditionnée par la décision que devrait rendre la cour d'appel de Paris dans les semaines à venir. A lire les uns et les autres, cette donnée n'a pas nécessairement été comprise de tous. »
Mais cette précision nous questionne fortement sur notre capacité intellectuelle à comprendre quelque chose qui demeure incompréhensible dans sa logique juridique, car si nous comprenons bien quelles sont les conséquences normales de l’appel effectué sur une décision de première instance, nous espérons également bien saisir que lorsque le jugement est déclaré exécutoire, cela veut bien dire qu’il doit être exécuté sans qu’il soit nécessaire d’attendre que la Cour d’appel se soit prononcée.
Nous avions compris, mais sans doute nombre de subtilités ont dû nous échapper, que si le Tribunal de Grande Instance de Paris - qui rend la justice au nom du Peuple français, c’est-à-dire en quelque sorte, en notre nom – avait voulu que Maître Legrand conduise une mission conditionnée par la décision que devrait rendre la cour d'appel de Paris, il suffisait de ne pas prononcer d’exécution provisoire, puisque la règle étant le caractère suspensif de l’appel, l’exception restant l’exécution provisoire.
Nous espérons que vous admettrez à votre tour, que si votre lecture des uns et des autres, vous laisse supposer que tous ces uns et ces autres n’ont, comme nous-mêmes, pas nécessairement compris toute la subtilité d’une gymnastique qui consiste à conférer un caractère suspensif à une décision qui a été déclarée exécutoire, ce ne soit pas forcément dû à une totale cécité intellectuelle de notre part.
Comme vous avez sans doute pu le constater au cours de votre lecture assidue des sites internet et blogs dans lesquels l’intervention de Maître Legrand peut être commentée, notre recherche, loin d’avoir pour objet d’empêcher en quoi que ce soit Maître Legrand d’accomplir la totalité de sa mission, dont on connaît déjà les conséquences sur nos portefeuilles – ce qui explique sans aucune ambigüité que nous sommes de tout cœur avec Maître Legrand, si elle entend accomplir sa mission au plus tôt - , porte essentiellement sur un besoin de Lumière.
Nous espérons donc que votre connaissance du milieu franc-maçon, même si elle reste très partielle, comme vous le dites vous-même, vous permettra de comprendre l’objet de cette lettre dénuée de toute ambigüité.
Cette recherche essentielle de lumière nous a conduit à nous sentir directement visés par votre propos, puisque c’est dans ce cadre que nous avons adressé au début du mois de septembre, une lettre ouverte à Maître Legrand, dans laquelle, or une explication très précise des raisons qui nous ont conduit à réagir de la sorte, nous formulions notre décision de reprendre à François STIFANI, le pouvoir initiatique - ce que vous appelez « questions spirituelles » et qui donc n’intéresse pas la justice si nous avons bien compris votre message – pouvoir qu’il détenait en sa qualité de Grand Maître et qu’il a laissé traîner dans la boue.
Nous profitions bien évidemment de l’occasion rare qui nous été donnée de parler à Maître Legrand, pour dénoncer quelques points qui à notre avis introduisait un délicat mélange des genres entre « débat judiciaire » et « matière maçonnique ».
Loin d’avoir obtenu une réponse sur ce point précis, notre lettre a été retournée, non pas à l’envoyeur, mais à celui-là même qui avait été chargé par Maître Legrand d’exécuter des ordres qui nous semblaient participer à ce mélange insupportable des genres ; tellement insupportable pour vous-même, que vous vous êtes senti obligé d’intervenir ce jour pour mettre ces choses-là au point.
Nous sommes donc bien d’accord avec vous, qu’un mandataire de justice n’a aucune compétence à se mêler de ces affaires très complexes et très compliquées que sont les « choses maçonniques » ; mais nous serons d’autant plus volontiers de votre côté quand votre point de vue, sera considéré par Maître Legrand, comme une sorte de guide sur la route qui lui reste à parcourir. Nous sommes d’ailleurs prêts à prendre gratuitement de notre temps pour jouer à l’égard de Maître Legrand, ce rôle de guide sur des voies traditionnelles que nous ne lui reprocherons pas d’ignorer, étant donné que ceux de la GLNF dont elle s’entoure actuellement les ignorent tout autant qu’elle.
Ceci serait en parfaite harmonie avec votre propos quand vous indiquez que « toutes les autres questions, relatives à la gouvernance de la loge et à des questions purement maçonniques, doivent être laissées à ceux qui ont compétence pour les traiter. »
Nous pouvons vous assurer qu’à défaut d’un Grand Maître, non seulement démissionnaire, mais qui se maintient malgré sa démission (qui ne semble faire aucun doute à vos yeux) envers et contre l’avis de ses pairs, la gouvernance de la loge n’appartient « traditionnellement » qu’aux Vénérables Maîtres qui la dirigent.
Pour vous donner un simple exemple de l’aide précieuse que nous pourrions apporter à Maître Legrand sur ces points, nous voudrions vous demander dans quelle catégorie de « questions » classeriez-vous celles qui dictent les modalités et conditions d’installation d’un Vénérable Maître élu par ses pairs dans une loge maçonnique ?
Il nous a, en effet, été interdit d’installer notre Vénérable Maître élu – à peine d’exclusion si nous passions outre à cette interdiction, au motif que nous n’avions pas rempli de nouvelles obligations imposées par Maître Legrand.
C’est donc sans doute à un défaut flagrant de conseil traditionnel que nous devons cette incursion de Maître Legrand dans ce que vous appelez les « questions spirituelles ». Imaginez donc le temps, et donc l’argent, que nous aurions pu tous gagner si l’on avait demandé l’avis de Maîtres Maçons compétents et respectés en tant que tels, plutôt que d’aller chercher le soutien d’une gouvernance sans dirigeants, et surtout sans aucune compétence sur les sujets qui nous occupent.
Ceci entraîne une question subsidiaire : A quel titre agissaient ceux qui ont outrepassé la Loi maçonnique qui régit ces questions maçonniques ? Agissaient-ils vraiment sous les ordres de Maître Legrand, ou simplement avec son assentiment ?
Si tel était le cas, cela réduirait à néant toutes les explications que vous avez pris la peine de donner à Maître Legrand dans votre lettre ouverte à tous. Nous préférons donc comprendre votre intervention comme un rappel à l’ordre de Maître Legrand et une invitation à accomplir et à limiter son action à la mission pour laquelle elle a été nommée depuis des mois pour le plus grand bonheur de tous les Maîtres Maçons de la GLNF.
Ainsi Maître Legrand n’aura aucune peine à condamner au plus tôt, les mesures vexatoires et coercitives perpétrées à notre encontre, par des gens qui ne disposent plus d’aucun pouvoir, et qui si cette condamnation sans ambigüité venait à tarder, nous laisseraient supposer qu’en fait, vous auriez raison de dénoncer l’ineptie d’une incursion de la justice civile dans les questions spirituelles.
Ineptie, dans cette prétention à radier des sociétaires de la GLNF au seul motif qu’ils ont installé leur Vénérable Maître élu en dépit de directives données par un mandataire de justice chargée d’appliquer les lois de la République.
Ineptie également dans une décision de radiation d’office, qui serait prise par une mandataire de justice chargée d’appliquer les statuts de la GLNF, et concernant des sociétaires qui n’ont pas réglé leur cotisation de l’exercice 2009 - pour quelque motif que ce soit -, alors que nos statuts et règlement ne prévoient une telle radiation d’office qu’à l’encontre des sociétaires qui ne se sont pas acquittés de leur cotisation depuis au moins deux exercices consécutifs.
Dans tout autre cas de figure, il importe de passer, comme le prévoient les principes généraux du droit, par une procédure contradictoire préservant les droits de la défense.
Nous sommes donc persuadés que notre lettre rencontrera auprès de vous un accueil favorable, dans la mesure où vous n’y verrez aucun esprit polémique, et seulement le désir d’apporter notre concours à la difficile mission que vous avez confiée à Maître Legrand.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Vice-Président, l’expression de nos respectueuses salutations.
Les Vénérables Maîtres Maçons
du Comité René Guénon
Membres de la G.L.N.F. et entendant le rester